Wednesday, September 24, 2025

c'est vieux mais...

... c'est st mort, mais non, c'est mort...

Un regard, tout simplement, sans faire plus long. Car si on s'arrêtait déjà ici pour dire que c'était un regard perçant, curieux, bleu, brillant et tout au même temps, comme si rien était, discret, ça deviendrait long, non? Ce regard fuit vite, mais fuit avec élégance en se baissant, non vers le bas tout suite, mais dans un courbe assez gracieuse, que fait un demi-cercle vers le bas, comme si son regard, oui, le regard, jouait à la corde à sauter autour du garçon. Lui, à l'opposé de la scène, la voit passer et regarder, avec le regard autour duquel nous avons très courtement échangé. Il regarde aussi, avec des yeux aussi vivaces et qui posent toute suite la question à son cœur: "qui est cette femme?"


Couché à coté d'elle, la dame du regard, il observe. Sa peau est blanche, pleine de taches. Je parle de jolies taches, unes sans relief, discrètes, un petit ton d'écart seulement. Autres prennent du relief, marrons, positionnées stratégiquement pour que le regard du garçon fasse un tour parfait de son corps, avec les mêmes yeux vivaces du premier jour.  Le tour s'attarde sur ses contours, il y a un bout d'épaule, ou on voit le contour de l'os, les traits montent jusqu'à son cou, avec les mêmes petites taches, il observe, il halète, elle halète aussi. Je vous parle de son odeur? Non, je vous parle pas, je parle de ça seulement à elle, dans ses yeux, au creux de ses oreilles. Oui, on s'était arrête aux oreilles. Dans ses oreilles, il chuchote qu'il l'aime, elle répond avec une douceur pleine d'énergie "moi aussi".


Quelques mois sont passés depuis le jour du regard. Pour ne pas dire que ça a été le premier regard, disons merci à la trottinette. Le véritable premier regard ce fut rapide, autour d'une trottinette oublié, rapide, troublant, mais assez rapide pour que chacun puisse continuer sa vie. Le deuxième, LE REGARD, non. Ce fut définitif. Impossible de décrocher sans savoir plus, en plongeant dans ses yeux, en savourant chaque mot, une hâte de découvrir la propriétaire du regard, ce qu'elle aime, ses motivations, son ressenti. Elle s'ennuie, ainsi elle décrit sa démarche artistique. Sa voix est incroyable, elle dégage de la vie, elle change de ton. L'accent du mec lui plait, mais, à sa façon, le garçon trouve dans elle un charme dans sa façon de parler que, à partir de maintenant, il appelle son accent. L'accent de Charlène, la femme qu'il commence de suite à connaitre. 


A la première information reçue, c'était l'artiste. Elle porte des toiles, peintes à l'huile, des dégradés, des nuances, de dessins très discrets qui dégagent de suite une sensibilité et une envie - interprété par lui, bien sûr - de garder les détails seulement pour ce qui regardent de près. Il y a une lune, une plage, un coucher de soleil, mais ils sont seulement la si tu le regardes avec l'attention qu'elle(s) méritent. Elle pose ses cadres au bout du bar. Il les déplace au fond de la salle. Et c'est la, autour des toiles:


-Oui, je les aie déplacé ici... -


Il s'approche de trop, sans faire exprès.  En la voyant se déplacer, une seule chose passe dans la tête du garçon et il fonce. Il dit qu'il avait déplacé les toiles, c'était nécessaire. On fait, nécessaire était le fait d'aller dans sa direction, l'effet du regard était net, présent et une seule chose sonnait dans sa poitrine, son coeur qui crie le besoin de savoir qui est Charlène. La soirée commence, il avait raison de déplacer les toiles, le bar est tout mouillé. Mais elle est devant lui. Il travaille, elle observe. Il travaille tout en lui observant, les questions fusent, les rires, les sourires. Dans sa tête, le garçon voulait lui montrer comment ses orteils se plient vers le bas quand il regarde ses yeux profondément bleus. Elle rit. Ses yeux font encore le tour de la corde à sauter.


Si à ce stade de cette narrative nos deux héros savaient déjà de la puissance de leur amour, ils auraient sauté de l'autre coté du comptoir. S'ils imaginaient même de façon approximative comme un baiser pouvait provoquer des sensations paradisiaques et - pourquoi pas - centrifugeuses et olympiques, ils se seraient embrassées sur le tas. L'odeur, de prés, collé. La sueur, les gouts, les frissons. Les chuchotements. Les pincements, les regards d'encore plus prés, un œil plongé dans l'œil de l'autre. L'expression de la face de l'autre qui déborde de désir. Il halète, elle aussi. Elle dit qu'elle l'aime, lui il répond avec un cœur qui déborde "moi aussi". Mais ils ignorent tout ça et suivent leur discussion. Il a envie de se mordre la main, croquer dans des citrons, ses orteils son accrochés au sol. Elle regarde, d'un désir curieux et serein, sûre de ses volontés, libre, belle, naturelle, oh putain, elle dégage quelque chose d'énorme, d'hyper totalement incroyable. Voilà le mot. Il n'en peut plus, il avoue, un poil mal adroit, mais au moins il parle la vérité.

- J'ai une seule envie, c'est de t'embrasser.

- C'est mort! Mais non, c'est mort...


Seulement s'ils le savaient, ça leur aurait rendu service.





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